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Entretien avec Anne Nicolas au Kernel Recipes 2014

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A l'occasion de l'annonce de la prochaine édition du Kernel Recipes qui aura lieu les 29, 30 septembre et 1er octobre, InfoQ revient sur l'édition de 2014, durant laquelle nous avons pu rencontrer Anne Nicolas, une des organisatrices de l'évènement, pour lui poser quelques questions sur la conférence.

InfoQ FR : Bonjour Anne et merci de répondre à nos questions. Peux-tu te présenter ?

Anne Nicolas : Je m'appelle Anne Nicolas, et je fais du libre depuis douze à quinze ans maintenant. J'ai commencé tout à fait par hasard, et je me suis retrouvée également par hasard chez Mandriva où j'ai mis les pieds dans le monde de la distribution et dont je n'en suis jamais ressortie. Chez Mandriva, j'étais responsable de l'équipe qui produisait les distributions, donc on travaillait avec les équipes en France, au Brésil, et surtout on s'occupait de la communauté. C'est là que j'ai mis les pieds dans la gestion de communauté et cela m'a énormément plu.

Ont suivi ensuite les problèmes que l'on connaît chez Mandriva. Du coup, en en sortant, on se voyait mal travailler dans une boîte «traditionnelle». Alors on a décidé de créer notre propre boîte : Hupstream. C'est une Scop ; pour tout un tas de raisons historiques, on avait déjà subit pas mal de problèmes au niveau de reprises d'entreprises. Notre objectif est d'aider les entreprises d'aujourd'hui à industrialiser leurs projets qui intègrent de l'open source, qu'elles fassent cela bien et de manière efficace. Donc c'est beaucoup de bonnes pratiques, beaucoup de formation. Notre idée à nous du service et du consulting, c'est de les rendre autonomes de manière à ce qu'ils puissent s'adresser à n'importe quelle entreprise.

InfoQ FR : J'ai cru comprendre qu'Hupstream avait sa propre distribution Linux, peux-tu nous en dire plus ?

Anne Nicolas : Absolument pas ! On fait souvent la confusion, mais les gens qui ont fondé Hupstream sont des anciens de Mandriva, et quand on a quitté Mandriva, on a souhaité forker la distribution. Donc on a créé un projet communautaire qui n'a rien à voir avec Hupstream. Mais il se trouve que les membres de Hupstream font également partie du projet communautaire. Pourquoi un fork ? Eh bien après une bonne dizaine d'années sur le projet, tout le monde était attaché à la distribution et on voyait le moment où tout cela allait capoter, donc on a décidé de se retrousser les manches et on a pris une décision un peu farfelue, et après coup on s'est dit que c'était complètement dingue... Il se trouve que çà a bien accroché et cela fait quatre ans maintenant que Mageia existe.

InfoQ FR : A quel public s'adresse Mageia ?

Anne Nicolas : Mageia s'adresse un peu à tout le monde. La communauté a un gros objectif pédagogique, et on ne se fixe pas de barrière à l'entrée hyper élevée comme on peut avoir pour certaines distributions. Au final, on se retrouve avec des gens qui viennent pour apprendre aussi, apprendre à contribuer dans n'importe quel domaine. Que ce soit la traduction, le design, le packaging etc. Ce n'est peut-être pas aussi rigoureux que sur certaines distributions mais il n'empêche que le résultat est là : çà fonctionne, on n'a pas plus de bugs qu'ailleurs et on a beaucoup de gens qui s'impliquent et qui apprennent. Et çà, c'est chouette.

InfoQ FR : Et en plus de tout cela, pourquoi organiser une conférence ?

Anne Nicolas : Pourquoi faire une conférence ? Parce qu'on s'est dit qu'on pouvait ajouter deux heures dans la journée (rires). Alors pourquoi faire une conférence ? En fait, on l'organise en tant que Hupstream avec un double objectif. C'est pour nous une manière de communiquer. Et plutôt que de communiquer de manière traditionnelle et un peu barbante, comme notre objectif est de gérer de l'open source, on a préféré montrer notre capacité à mobiliser le réseau en organisant une conférence. C'est donc une façon de communiquer, mais c'est aussi une façon de contribuer puisqu'on fait en sorte que les conférences restent accessibles à tout le monde. En l'occurrence, elles sont gratuites ou presque. Et c'est une façon de contribuer en apportant des conférenciers qui ne sont pas forcément accessibles, sauf à se balader en Europe ou dans le monde.

On a démarré avec cette conférence en ne sachant pas trop où aller, parce qu'on ne savait pas que çà allait réussir de cette manière. Pour la première édition, on s'est dit qu'il n'y avait pas d'évènement sur le kernel en France. Les seuls qu'on aient sont Linux Plumbers ou des groupes du FOSDEM. A chaque fois, de très grosses conférences qui sont soit peu accessibles financièrement, soit trop grosses avec énormément de monde - du coup, on ne voit personne et on n'arrive pas à voir les conférences que l'on veut. Donc on s'est dit qu'on ferait quelque chose à taille humaine et qu'on rendrait accessible les conférenciers. D'où l'idée d'un Kernel Recipes avec un seul slot de conférences à la fois et un nombre de participants qui reste raisonnable, c'est à dire pas au delà de la centaine. L'idée est de faire en sorte que les gens se rencontrent, à la fois entre participants, mais aussi entre participants et conférenciers. Et çà, çà fonctionne pas mal, c'est notre troisième édition.

InfoQ FR : Les deux premières éditions se sont passées au Carrefour Numérique de la Vilette. Pourquoi changer de lieu alors même que la Géode fait partie du logo ?

Anne Nicolas : C'est vrai ! Historiquement, la Géode est sur le logo. C'est le côté un peu techno des choses, c'est pas mal. On ne va pas changer de logo car cela commence à nous identifier. On a changé de lieu simplement parce qu'on avait plus de place ici (ndlr. chez Mozilla à Paris) et que les années passant, on a de plus en plus de demande et on savait qu'avec les conférenciers qu'on allait présenter cette année, on remplirait une salle plus importante. Donc, on s'est dit qu'on augmenterait un peu, mais pas trop, et on est passé de 70 à presque 100 participants.

InfoQ FR : Entre Mageia et les services proposés par Hupstream, on est «très haut» au dessus du noyau Linux. Ne vaudrait-il pas mieux organiser une conférence sur les distributions Linux ?

Anne Nicolas : Aha ! On ne fait pas que de la distribution chez Hupstream. On fait aussi du noyau car dans l'équipe, on a un kernel hacker qui s'occupe de toutes les problématiques noyau et hardware. Donc effectivement, il y avait quand même un intérêt au départ pour Kernel Recipes.

Mais il y a en effet une conférence qui s'appelle Distro Recipes, dont on a fait une édition. On a voulu en faire une deuxième, çà n'a pas marché. Peut-être en termes de dates, c'était au mois de juin. On va essayer de la reprogrammer en 2015, probablement courant avril. Ce n'est pas encore sûr, il faut qu'on ait les participants dans la salle. La problématique, c'est que sur les distributions, on a déjà beaucoup de choses organisées par ailleurs, donc on a peut-être plus de mal à mobiliser les gens pour venir sur ce type d'évènement.

InfoQ FR : Quels sont les critères de sélection des présentateurs, cherchez-vous un équilibre entre des conférenciers français et d'ailleurs ?

Anne Nicolas : Contrairement à la plupart des conférences, on a un mode de fonctionnement un peu dictatorial. C'est à dire qu'on ne fait pas d'appel à conférence. On essaye de privilégier la qualité de l'orateur. Il peut être très bon techniquement, mais s'il est mauvais orateur, le message ne va pas passer. Donc on travaille beaucoup par relation et sur recommandation. On n'a pas de focus technique particulier sur une édition, parce qu'on pense effectivement qu'il y a beaucoup de choses à dire pour pouvoir intéresser tout le monde. Et puis après, la balance entre français et non français est avant tout un problème de coût, parce qu'il faut faire venir les gens. Ensuite, c'est aussi en fonction des disponibilités et des opportunités qui se présentent. Pour l'édition de 2014, on a eu l'opportunité de faire venir Greg KH et c'était génial. On a découvert quelqu'un de vraiment très ouvert et je pense qu'on va réessayer, pourquoi pas Linus en 2015 (rires). Voilà !

InfoQ FR : Merci Anne !

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