De plus en plus d'entreprises investissent dans des systèmes Big Data. Conçus pour stocker et traiter des quantités massives d'informations, ces systèmes ont tendance à être incroyablement complexes et coûteux à construire et à maintenir. Ils sont également très vulnérables aux attaques, mais avec la promesse de plus grands profits pour les entreprises, celles-ci ne semblent pas pouvoir résister.
Martin Fowler écrit sur le Datensparsamkeit, l'opposé du Big Data. Ce mot allemand peut être traduit approximativement par "l'austérité des données" ou simplement par ne "pas stocker plus que vos besoins". Une des raisons est la protection de la vie privée. Même avant les révélations d'Edward Snowden sur le Patriot Act US de 2001 puis le warrantless surveillance. Martin écrit,
Le problème avec l'approche "capturer tout", c'est qu'elle soulève des interrogations sérieuses sur la vie privée. Même si nous nous faisons confiance pour ne pas abuser des données que nous collectons, chaque stockage de données est une cible pour les criminels ou les agences de surveillance du gouvernement. Cette question est particulièrement sensible en Allemagne qui a connu une succession de régimes durant lesquels les gouvernements ont mis en place une surveillance étendue de leurs concitoyens afin de les contrôler. L'Allemagne a par conséquent des lois rigoureuses pour la protection des données.
Datensparsamkeit est un concept issu de ces lois sur la confidentialité qui est à l'opposé de la philosophie "capturer toutes les choses". La traduction n'est pas simple (c'est d'ailleurs pourquoi j'ai gardé le terme allemand) mais vous pouvez le traduire approximativement par quelque chose comme "l'austérité des données", "minimisation des données", "parcimonie des données", ou "frugalité des données". Cela signifie que vous devez toujours vous demander pourquoi vous collectez et vous stockez des données, et cherchez à manipuler le minimum de données dont vous avez besoin pour votre traitement.
Bien sûr la surveillance par les gouvernements n'est pas la seule préoccupation. Même les plus petites sociétés sont les cibles des pirates qui cherchent à obtenir des mots de passe et des informations sur les cartes de crédit. Martin continue,
Même si vous ne partagez pas ma vision sur le contrôle de nos données personnelles, les risques encourus par les failles de sécurité nous montrent que le datensparsamkeit est une bonne ligne de conduite. Si vous détenez des données dont vous n'avez pas besoin, et que quelqu'un les vole en causant des méfaits, ne devriez-vous pas être responsable de ces dommages ? Même s'il n'y a pas de responsabilité légale, la mauvaise publicité aura des conséquences graves. Il y a donc un risque pour ceux qui ne pratiquent pas le datensparsamkeit.
Pour certaines industries, la réponse à cette question est oui sans équivoque. Par exemple, toute entreprise qui conserve les 3 chiffres du code au dos d'une carte de crédit est responsable et redevable de fortes amendes de Visa et Mastercard, même si aucune violation de la sécurité ne se produit réellement. Si cette information est volée et ensuite utilisée, les amendes, les pénalités et les sommes restituées peuvent ruiner une petite société.