Il y a trente ans, Apple Computer annonçait le Mac d'Apple lors d'un unique passage de la publicité emblématique de 1984, réalisée par Ridley Scott, réalisateur de Bladerunner. Dans celle-ci, le système d'exploitation Macintosh fut révélé et donna, au passage, le coup d'envoi des systèmes d'exploitation basés sur la GUI. Les concepts reposaient sur des travaux réalisés précédemment à Xerox Parc mais développés par Apple pour intégrer des opérations pointer-et-cliquer à la souris, auxquelles on faisait à l'époque référence en tant que WIMP (Fenêtre, Icônes, Menus et Pointeur). Plus tard cette année-là, le Mac fut lui-même présenté.
Malgré le fait que d'autres systèmes d'exploitation avec GUI suivirent (Amiga et Windows 1.0 furent lancés l'année suivante en 1895), le Macintosh donna le coup d'envoi du processus, avec des fonctionnalités comme la synthèse vocale et le texte anticrénelé, à une époque où les concurrents venaient de passer de CGA à XGA. Le Mac vit aussi la première version de Microsoft Word, démarrant un nouveau marché focalisé sur une suite logicielle (quelques années auparavant, VisiCalc fournissait le premier logiciel de feuille de calcul pour l'Apple II).
L'année suivante, en septembre 1985, Steve Jobs quitta Apple Computer pour fonder NeXT et développer le système d'exploitation NeXTStep, rendant populaire un langage orienté object jusqu'à présent inconnu, appelé Objective-C. Le Cube et les postes de travail NeXT disposaient des lecteurs optiques, de fax intégrés, affichaient du PostScript pour les écrans et moniteurs à résolution arbitraire capables d'afficher des couleurs 24-bits, pendant que les PC d'IBM passaient de XGA à VGA. Même si NeXT ne fut pas un succès commercial que ce soit au niveau matériel ou logiciel, il changea le monde puisque Tim Berners Lee développa le World Wide Web sur un poste de travail NeXT.
En 1997, plus d'une décennie après avoir été écarté de l'entreprise, Steve Jobs retourna chez Apple en tant que Conseiller, puis Directeur Général par interim plus tard dans l'année (le titre "d'intérim" ne fut retiré qu'après 2000). L'année 1997 vit les débuts de l'ascension vers la gloire de Jony Ive, peut-être même plus importante que la contribution de Jobs au succès de l'entreprise. La sortie de l'iMac en 1998, en plastic coloré translucide fut à la fois un hommage à l'ancienne forme du Mac, et un Mac pour lequel le design avait été placé au-dessus des fonctionnalités. Il possédait une poignée de transport unique équilibrée au sommet et des enceintes stéréo intégrées. Il devint aussi le premier poste de travail largement distribué à ne pas avoir de lecteur de disquettes et a sans doute amorcé la popularité de l'USB comme périphérique d'ordinateur. Chaque iMac possédait un lecteur CD intégré, et deux câbles essentiels : un pour l'électricité et un pour le clavier USB. Il avait aussi un modem et un réseau Ethernet intégré, avec le préfixe i faisant référence à "internet".
Même si l'iMac était délivré avec OS 8, il ne devint populaire que l'année suivante, lorsque Mac OSX fut introduit. Les iMacs continuèrent à pouvoir démarrer à la fois sur ce qui devient Classic MacOSX et sur OSX, jusqu'à la dernière version de Classic, OS9. Au passage du millénaire, NeXTStep devint le système d'exploitation standard des ordinateurs Apple.
Apple a connu deux changements de direction clés depuis son lancement en tant que société d'informatique : le premier, en 2001, fut la sortie de l'iPod. Bien qu'initialement perçu comme sous-spécifié par rapport aux balladeurs mobiles de l'époque ("Pas de sans fil. Moins d'espace qu'un Nomad. Ridicule" fut l'une des critiques), l'attention portée aux détails dans le matériel comme le logiciel fut le point de départ d'une nouvelle révolution dans les produits de consommation. La tendance continua avec les premières couleurs, puis les écrans tactiles, et entraîna par la suite un changement de nom d'Apple Computer vers juste Apple, comme l'entreprise s'étendait sur le marché des appareils de consommation. L'iPod vécut aussi les débuts d'iOS, une portation mobile d'OSX dans les versions suivantes, bien que les premières versions ne l'aient pas intégrée. Le terme iOS fut créé plus tard.
Le second fut le dévoilement de l'iPhone en 2007. En combinant l'iPod à un système d'exploitation basé sur OSX et les capacités cellulaires, Apple amena internet dans la poche de beaucoup d'Américains, puis dans celles du reste du monde, l'année suivante. Le marketing permit aux clients d'acheter des appareils débloqués et de les utiliser sur différents réseaux, et les accords d'exclusivité offrirent la possibilité aux fournisseurs de délivrer des services de données mobiles illimités. Bien qu'il ait été possible de naviguer sur internet depuis un téléphone avant cela, les données étaient toujours à un prix exorbitant et peu utilisées. BlackBerry avait accaparé le marché des entreprises avec des mécanismes de paquets, et Nokia était le roi du marché de la téléphonie mobile. L'iPhone finit par avoir raison de chacun d'entre eux et devint l'un des deux leadeurs de la fabrication de téléphones mobiles, et le navigateur Safari (à l'origine, un dérivé de KHTML) tourne à présent sur tous les appareils mobiles populaires de la même façon que les navigateurs comme Chrome.
Avec l'App Store fournissant des revenus à Apple, ainsi qu'aux développeurs aussi bien amateurs que professionnels, et la sortie du iPad en 2010, la plupart des bénéfices d'Apple vient à présent des appareils portatifs grand public plutôt que des ordinateurs traditionnels. Le Mac n'est peut-être pas une référence dans le monde de l'informatique moderne, mais l'appareil sur lequel vous lisez cet article peut retracer son ascendance, depuis ce moment en 1984.