Oliver White, qui est à la tête de RebelLabs, a récemment évoqué les difficultés d'adopter DevOps dans un service IT, même si il existe des enquêtes qui mettent en avant les avantages de DevOps. InfoQ en a profité pour interviewer Oliver et revenir sur certains des rapports qui ont été étudiés par cet article.
Oliver a commencé par nous expliquer que DevOps apportait des améliorations qui étaient mesurables, comme le suggère un rapport de 2013 de RebelLabs qui est globalement en accord avec le rapport de 2013 de chez PuppetLabs : State of DevOps et avec l'enquête que InformationWeek a mené sur le sujet. Tous ces rapports sont arrivés à la conclusion que DevOps aidait les systèmes d'information à devenir plus robustes, mais aussi plus adaptés aux déploiements rapides et fréquents.
D'un autre côté, le rapport sur l'enquête d'InformationWeek, qui a été publié récemment mais dont l'enquête avait été menée en Octobre dernier, conclue que 75% des sondés connaissaient DevOps mais que seulement 21% l'utilisaient déjà. L'enquête de RebelLabs a aussi révélé que seulement 20% des sondés étaient impliqués dans des activités DevOps, bien que 65% le considérait comme une question clé, en cours de discussion. Ces analyses contrastent avec les 63% de sondés qui utilisent les pratiques DevOps que rapporte l'enquête The State of DevOps. Ces nombres sont certainement incompatibles dans la mesure où l'adoption de DevOps ne se prête pas facilement aux réponses du type "oui ou non" et dans la mesure où aucune des enquêtes n'avait clairement décidé les critères qu'une organisation devait remplir pour incarner DevOps.
Oliver pense que les barrières culturelles qui freinent l'adoption de DevOps sont hautes : "les idéaux progressifs que DevOps apporte sont honteusement simples; ce qui permet de convaincre les gens que si des choses aussi simples (...) n'arrivent pas naturellement, alors les choses doivent être systématiquement dingues et donc inchangeables."
L'enquête de InformationWeek a aussi relevé certaines visions qui pouvaient endiguer le succès de la mise en place de DevOps : "Seuls 45% des professionnels de l'informatique qui adoptent DevOps disent qu'ils en attendent une amélioration de la sécurité; 32% disent que DevOps ne devrait pas avoir d'impact, bon ou mauvais sur la sécurité; et 7% pensent que DevOps rendra leur système d'information moins sécurisé". Dans le même article de InformaitonWeek, Micheal Davis, relève d'autres difficultés que des services IT pourraient rencontrer : "Les sociétés qui travaillent sur le web, par exemple, effectuent beaucoup de modifications de leur code mais ont généralement un nombre réduit d'applications - par opposition à la plupart des services IT d'entreprises ont généralement un dédale d'applications historiques pour lesquelles ils essaient de minimiser les changements. (...) Vous trouverez sûrement des systèmes des années 80 et une documentation des logiciels qui indiquent "Hic sunt dracones" ("Ici sont les dragons"), parce que personne ne sait réellement comment ces systèmes fonctionnent et l'état d'esprit est simplement : ne touchez pas au code".
Quand nous lui avons demandé comment surpasser ces barrières culturelles qui freinent la simplicité de l'adoption de DevOps, Oliver a dit :
Mettre en place une réelle roadmap avec des objectifs en tête serait un bon début. Je ne pense pas que l'objectif devrait être "100% DevOps maintenant", mais plus un ensemble d'objectifs abstraits - est-ce que ces équipes sont capables d'intéragir et de travailler correctement ensemble de manière à rendre DevOps possible ? Ce n'est pas garanti, après tout. C'est un peu comme si on permettait à la Vitamine D de mieux absorber le Calcium - si vous ne le faites pas, les chances d'avoir des os cassés vont augmenter (ou l'ostéoporose)... mais si vous le faites, ça ne veut pas dire que vous n'allez plus casser d'os - c'est juste que ce sera moins problématique. DevOps n'est pas la panacée mais un accélérateur. Quand les gens commenceront à le voir plus comme un supplément que comme un remède miracle, peut être que l'adoption deviendra plus simple et que la perception que l'application des principes DevOps est quelque chose de difficile disparaîtra.
Bien qu'il n'y ait aucune garantie que RebelLabs face une enquête sur DevOps en 2014, Oliver pense qu'"une piste intéressante à explorer serait de mieux comprendre les difficultés pratiques qui retiennent les organisations d'adopter une approche DevOps - en englobant à la fois les problématiques culturelles et pratiques".