InfoQ FR a pu rencontrer Sacha Labourey lors du Continuous Delivery Summit organisé à Londres. Les CD Summit sont une série de conférences organisées par CloudBees autour du thème du Continuous Delivery, et la date française sera ce jeudi 11 septembre, à Paris.
InfoQ FR : Bonjour Sacha, l'intégration continue (CI) a progressé énormément en entreprise en quelques années, tu penses que le CD peut faire de même aussi rapidement ?
Sacha Labourey : Oui, et nous l'observons d'ailleurs. l'IC a toujours quelque peu souffert d'un manque de reconnaissance de l'IT, et certainement du business, sur son utilité. Malgré son évidente valeur pour les équipes de développeurs, les résultats visibles et tangibles pour le business étaient difficile à quantifier, et donc ignorés. Le CD, n'a pas ce problème : il est même au contraire fréquemment poussé par l'IT et par le business, comme un moyen de réduire les risques, augmenter la valeur pour l'entreprise et réduire les délais. Il bénéficie donc d'un large support dont n'a malheureusement que rarement bénéficié le CI.
Par ailleurs, d'autres mouvements tels que le cloud ou les applications mobiles sont des candidats idéals pour le CD et des projets stratégiques qui bénéficient de beaucoup de visibilité en interne. Les processus de CD qui y sont associés bénéficient par conséquent également de cette visibilité.
InfoQ FR : Aujourd'hui, concrètement, comment passer d'une "simple" intégration continue au CD ?
Sacha Labourey : On parle souvent de "People, Process & Tools* et je pense que ceci s'applique parfaitement au CD. On ne passe pas au CD uniquement en installant Jenkins et Chef ou Puppet. C'est l'aspect Tools, et il est indispensable évidemment, mais il ne faut aucunement ignorer les autres aspects. Le CD peut-être perçu comme l'extension du DevOps au business, il requiert une nouvelle organisation de l'entreprise afin de s'assurer que ce qui sera déployé par itérations, sera validé par le business. La boucle de "rétroaction" se doit d'inclure le business. On ne fait pas du CD si on ignore le business, on fait au mieux du DevOps. Or, se focaliser uniquement sur les outils ne permettra pas de mettre en place "magiquement" les "Process et les People" nécessaires au bon fonctionnement du CD.
InfoQ FR : L'intégration continue avait la simplification de souvent être confinée aux équipes de développement. Est-ce que le CD est plus difficile à mettre en place car il nécessite la collaboration de plusieurs profils, Dev, Ops, DevOps s'ils sont présents dans l'entreprise ?
Sacha Labourey : Absolument, il nécessite que les talents de plusieurs équipes soient mis en commun, au travers d'un objectif business clairement identifié. La révolution business et IT que représente le CD n'aura pas lieu dans un coin. Or, changer la façon dont les personnes fonctionnent et, plus encore, interagissent, est difficile.
InfoQ FR : Quel sont les plus gros challenges d'implémentation d'une politique de Continuous Delivery ?
Sacha Labourey : Très certainement la résistance au changement des équipes impliquées. Pourquoi changer ce qui a "fonctionné" jusqu'à aujourd'hui ? Pourquoi vouloir faire fonctionner ensemble des équipes à l'ADN si différent ? De surcroît, bien que les itérations fréquentes et la capacité de mesurer rapidement si les changements effectués apportent la valeur espérée est le Graal visé, ce Graal est très exigeant : on ne peut jamais se reposer sur ses lauriers, on remet chaque soir en cause les hypothèses faites le matin, et on recommence le lendemain.
InfoQ FR : Pour parler un peu de Jenkins, est-ce que vous avez des features particulières en tête pour faciliter le déploiement d'une politique de CD ?
Sacha Labourey : L'année dernière, nous avons lancé un nouveau produit, Jenkins Operation Center (JOC). JOC permet de gérer des clusters de Jenkins, permet le partage de resources entre masters, permet d'appliquer des polices de gestion des plugins, des mises à jours et, très important, offre une vue opérationnelle (monitoring, management, provisioning) aux équipes IT Ops. Nous travaillons par ailleurs sur des intégrations cloud privé et public afin d'offrir les fonctionnalités d'élasticité et de self-service, une annonce sera d'ailleurs faite cette semaine.
InfoQ FR : Vous avez par ailleurs une offre de continuous delivery pour mobiles (iOS et Android), est-ce que tu peux nous en parler ?
Sacha Labourey : Les applications mobiles sont un cas idéal d'implémentation d'une organisation de CD, notamment en raison du processus constant de "découverte" de ce que l'application doit réellement fournir pour satisfaire son marché. Or, les tests mobiles, bien qu'indispensables (peu d'utilisateurs redonnent une chance à une application qui les a déçu), peuvent être lourds et coûteux. Dès lors, nous fournissons un moyen de faire des tests simples et peu coûteux sur des émulateurs Android ou iOS (sur un cloud Mac que nous gérons), soit depuis notre SaaS Jenkins, soit à distance depuis vos instances Jenkins existantes, dans votre datacenter, sans devoir héberger et gérer vous-mêmes ces machines.
Le programme de la conférence et la page d'inscription sont ici.