A l'occasion de la sortie du livre Découvrir DevOps aux éditions Dunod, InfoQ FR s'est entretenu avec ses auteurs, Samuel Metias et Stéphane Goudeau.
InfoQ FR : Le mot DevOps est actuellement utilisé pour couvrir des pratiques diverses, aussi bien culturelles que techniques - à qui s'adresse votre livre ?
Samuel & Stéphane : Les principes DevOps reposent sur la confiance et s’inscrivent dans une collaboration la plus large possible. Notre livre s’adresse donc à tous ceux qui peuvent être amenés à interagir dans la construction du service ou du logiciel au sein de l’entreprise. Nous espérons avoir réussi à être pédagogiques, tout en faisant en sorte que les différents chapitres soient indépendants les uns des autres. De cette manière, nous souhaitons permettre une lecture sélective en fonction des intérêts et de la curiosité de chacun.
InfoQ FR : DevOps recouvre donc beaucoup de concepts. Quel est selon vous le plus important à bien traiter lors d'une transformation d'organisation ?
Samuel & Stéphane : Le concept le plus important, mais également le plus difficile à appréhender est lié à la culture de l’organisation. DevOps influe clairement sur la culture d’entreprise, car pour rendre l’organisation plus agile et proactive, il est impératif de faire évoluer les façons de penser. Pour y parvenir, il faut savoir démarrer sur un périmètre bien identifié et limité, démontrer la valeur des pratiques mises en œuvre et communiquer sur chacune de ces étapes. Cela impose de pouvoir mesurer et analyser en toute objectivité les résultats obtenus en veillant à dépassionner les débats.
InfoQ FR : Dans de nombreuses sociétés, on croise des équipes dédiées aux pratiques DevOps, non intégrées dans les équipes de dev ou de prod - quel est votre regard là-dessus ?
Samuel & Stéphane : DevOps n’est pas une démarche dogmatique, il est donc impossible d’émettre un avis strictement positif ou négatif. Néanmoins, si ce type d’organisation peut apporter un bénéfice certain sur un périmètre restreint ou pendant une phase d’évangélisation de la démarche, ces équipes dédiées n’ont pas vocation à persister lorsque la démarche sera étendue à toute l’organisation.
InfoQ FR : Dans le livre, vous parlez des cas de Facebook, Netflix et Microsoft - quelles différences y-a-t'il entre les implémentations DevOps de chacune de ces sociétés ?
Samuel & Stéphane : Il existe une différence historique entre Microsoft et Netflix ou Facebook : Microsoft a dû se transformer en adoptant cette démarche, tandis que Netflix ou Facebook se sont construites avec DevOps. Cette différence a nécessairement influé sur leur choix d’implémentation de la démarche. A cela s’ajoute le fait que Netflix ou Facebook proposent uniquement des services hébergés dans le Cloud, tandis que Microsoft propose aussi des produits accessibles par d’autres canaux et ne s’adresse pas qu’au grand public. Cette comparaison est doublement intéressante puisqu’elle démontre à quel point le Cloud peut être un accélérateur des démarches DevOps, mais aussi que le Cloud n’est pas un prérequis pour la mise en œuvre de DevOps. Pour explorer plus en détail comment DevOps est mis en place dans chacune de ces sociétés, nous vous invitons à le découvrir dans le livre.
InfoQ FR : Souvent justement, les exemples DevOps sont pris chez des éditeurs de grande taille. Y-a-t'il des différences notables en termes d'enjeux et de pratiques dans des structures de plus petite taille ?
Samuel & Stéphane : Les enjeux comme les bénéfices de la démarche sont les mêmes quelle que soit la taille de la structure. Sa mise en œuvre est par contre très différente en fonction de la taille de l’organisation. Evidemment, il est beaucoup plus simple d’appliquer les méthodes agiles et les démarches DevOps dans une start-up naissante que de transformer les processus d’une entreprise du CAC40.
InfoQ FR : Beaucoup de pratiques DevOps semblent en réalité être tout simplement du bon sens. Quel est selon vous les facteurs limitant une adoption très large ?
Samuel & Stéphane : Comme pour l’agilité, DevOps s’inspire de principes issus du bon sens. Mais le bon sens ne suffit pas, il faut savoir l’appliquer avec rigueur, avec une vision claire et c’est souvent là que réside la difficulté. Ensuite, il faut réussir à conduire le changement pour lever les inquiétudes et incertitudes que cela peut entraîner. Enfin, il faut combattre les idées reçues (non, DevOps ne vise pas à supprimer les services d’infrastructure et de production…).
InfoQ FR : Merci Samuel et Stéphane pour vos réponses.